Chers Compatriotes,

MTVAyiti constate avec tristesse les souffrances énormes qu’endure le peuple haïtien depuis un certain temps et qui se sont aggravées ces derniers jours après le lâche assassinat du Président Jovenel Moise pour qui nous demandons justice au même titre que toutes les victimes innocentes de ces dernières années tombées sous les balles assassines des gangs et de la répression policière des mouvements politiques.

Cette situation de détresse économique, de troubles sociaux, d’effondrement de toutes les structures républicaines de l’État, est le résultat de l’incompétence et de l’entêtement d’un groupe d’hommes voulant s’accrocher au pouvoir à tout prix pour se protéger des crimes de sang et des crimes financiers commis pendant ces dix dernières années.

L’actuel gouvernement, dans l’attribution partiale de certains ministères, est voué à l’échec. Il souffre d’un défaut de consensus lui permettant de survivre pour réaliser des élections, résoudre les problèmes graves de sécurité, amorcer une relance économique et obtenir un apaisement social. Le pays ne peut pas se payer le luxe d’une nouvelle crise prolongée de gouvernance.

Face à ce constat, MTVAyiti propose une voie de sortie de crise passant par quatre décisions importantes qui doivent être obtenues à partir d’un consensus politique large, inclusif entre les partis politiques et les acteurs de la société civile :

1. La normalisation politique.

Des signaux clairs doivent être lancés pour montrer à la population haïtienne que face à la crise gravissime et multidimensionnelle qu’elle est en train de vivre, des décideurs compétents et honnêtes prennent les moyens nécessaires pour résoudre les problèmes, fournir les services de base et surtout pour recréer l’espoir dans le vivre ensemble, dans une Haïti en paix et en sécurité :

1.1. Réaliser la validation du format de gouvernance par une large concertation avec tous les acteurs politiques et de la société civile organisée.

1.2.  Mettre en place un gouvernement d’Entente Nationale bicéphale dans l’esprit de la Constitution de 1987. La durée de ce gouvernement, inclusif et sans chasse aux sorcières, n’excèderait pas 18 mois. Ceci confèrerait une légitimité à ce gouvernement et en ferait un interlocuteur crédible vis-à-vis de la communauté internationale.

1.3.  S’inspirer de l’approche de vérité et réconciliation nationale. Les discours de haine racistes et antagonisant les classes sociales, sous des prétextes coloristes, sont une voie qu’il faut absolument décourager vu les conséquences potentielles sur le tissu social et le vivre ensemble.

a. Créer un contexte objectif d’initiation de la réalisation des procès, crimes financiers, massacres et crimes de sang : Petro Caribe, Bel Air, La Saline, Delmas 32, assassinat du Président Jovenel Moise etc…

b. Libérer les prisonniers politiques,

c. Lancer un message positif par l’arrêt des persécutions politiques et de l’instrumentalisation de la justice et ainsi créer un climat de confiance.

1.4. Assurer une gestion efficace et compétente de l’épidémie de Covid-19 par la mise en place d’un Comité de Gestion réellement fonctionnel et investi de la puissance publique.

2. La sécurité.

Cette intervention est fondamentale pour créer un cadre général permettant de déployer l’Action Gouvernementale et ramener la confiance des acteurs politiques, de la société civile et de la population dans une société démocratique.

2.1. Renforcer la Police Nationale d’Haïti. Les actions à mener sont :

a. Doter la PNH en priorité d’une gouvernance nouvelle ;

b. Lancer un programme de Vetting pour assainir la police nationale ;

c. Définir et appliquer une nouvelle doctrine au sein de la PNH ;

d. Renforcer l’effectif par le recrutement d’une nouvelle promotion de policiers ;

e. Fournir en urgence à la PNH les moyens logistiques adéquats et significatifs : les armes, véhicules, moyens de communication etc. ;

f. Renforcer les services de renseignement internes de la PNH et autres services de renseignement ;

g. Octroyer un support aux familles de policiers tués dans l’exercice de leur fonction et les honorer ;

2.2. Ramener la sécurité dans le pays.

a. Réaliser des opérations de police de libération des quartiers chauds.

b. Désarmer et réinsérer des bandits avec une injection de ressources, de services sociaux en parallèle, dans les quartiers chauds. Ceci ne préjuge pas du fait que les responsables de crimes graves, de crimes de sang soient emmenés devant leurs juges naturels ;

c. Mettre en place un Programme d’Urgence d’Assistance Sociale pour les Déplacés liés à l’insécurité : Fontamara, Martissant, Bel Air, Cité Soleil, La Saline etc.

3. La relance économique rapide.

Les derniers évènements en Haïti dénoncent, à juste titre, une structure économique inégalitaire qui ne peut pas continuer. La nécessaire redistribution des richesses ne peut se faire que par la mise en œuvre de mesures de création d’emplois durables, de mécanismes de création d’opportunités économiques pour la classe moyenne et la population ainsi que par l’égalité des chances octroyées par le système éducatif dans une perspective de méritocratie.

3.1. Mettre en œuvre un dispositif de relance économique rapide du pays.

a. Améliorer les revenus par la redynamisation de la DGI, de la douane et autres sources de rentrée de fonds de l’État Haïtien.

b. Diminuer les dépenses des ministères et des organismes autonomes et réduire le train de vie de l’État dans une logique d’efficience .

c. Relancer certains programmes sociaux à haute intensité de main d’œuvre ;

4. Les Élections.

Les élections sont incontournables pour revenir à la normalité institutionnelle et à l’état de droit. Pour redonner confiance aux acteurs politiques et de la société civile dans le processus électoral et avoir effectivement des élections libres hon- nêtes et démocratiques il est nécessaire de mener les actions suivantes :

4.1. Constituer un nouveau CEP en s’inspirant de l’esprit de l’accord de janvier 2015 signé entre le Gouvernement et l’opposition.

4.2. Réaliser un audit de la Carte d’Identification Nationale avec une firme indépendante d’Audit et en impliquant les organisations de la société civile et les Partis politiques dans le processus de réalisation de l’audit indépendant de la Carte d’Identification Nationale.

4.3. Lancer une grande campagne d’enregistrement des électeurs visant 90% des électeurs non enregistrés

4.4. Prendre un Décret Électoral en concertation avec les acteurs politiques avec un alignement du décret sur la Constitution de 1987 permettant ainsi la réalisation de joutes électorales inclusives (y compris pour les compatriotes de la diaspo- ra), transparentes, justes, honnêtes et démocratiques.

4.5. Réaliser les élections générales pour les différents postes électifs vacants : Pré- sident, sénateurs, députés, Maires, CASECS, ASECS, délégués de ville sur la base de la Constitution de 1987. Le processus électoral transparent aboutirait à un premier tour des élections au dernier trimestre 2022 (en novembre 2022).

 

Schultz Simpssie Cazir
Secrétaire Général

Richard Senecal
Vice-Président Exécutif
en charge de la Communication

Dr Èmile Hérald CHARLES
Vice-Président Exécutif au Développement Politique
et Coordonnateur National

Dr Carl FRANÇOIS
Vice-Président Exécutif
à la Réflexion Stratégique et à la Production